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18 Août – A peine ai-je mis les pieds à la base que Quaresma me prend à part pour me dire que nous avons « du lourd » ce matin en mer…!!! Wahou…!!! En effet, le groupe présent hier à São Jorge se trouve ce matin dispersé au Sud de Lajes.

Nous commencerons cette journée par une partie de cache-cache avec les animaux, où bien sur, le cachalot sort toujours vainqueur. Chaque animal du pod , qui est étalé sur plusieurs « miles carrés », se joue de nous en disparaissant entre deux eaux, pour réapparaître quelques minutes plus tard n’importe où, sans aucune logique évidente. Après deux heures de récréation, la seule vision que nous ayons eue est un dos à une centaine de mètres de l’embarcation. C’est peu pour étancher ma soif !

Sidonio, du haut de la vigie Da Queimada signale à João qu’un des membres du groupe semble avoir des fourmis dans la caudale et s’en donne à cœur joie au Sud Est du Castelete. Sur un océan légèrement formé, nous fonçons pour rejoindre le lieu indiqué.

Sur place, une femelle connue de l’équipe d’Espaco Talassa, reconnaissable à la marque blanche sur son dos à la hauteur de sa première épine dorsale, nous accueille dans sa zone de tolérance. Après cinq minutes de présentation, l’animal commence à avoir la bougeotte et débute son show… La petite femelle commence par taper la surface de l’eau avec sa caudale durant de longues minutes. Le fracas est hallucinant et se fait entendre à plusieurs miles nautiques. L’eau jaillit de partout sous les coups de battoirs de l’animal. Après une brève accalmie, le cachalot plonge subrepticement. Nous nous regardons avec João, et nous annonçons en chœur d’une voie commune : « elle va breacher ! ». A peine avions-nous prononcé cette phrase que 20 tonnes de muscles se dressent à la verticale à seulement 80 mètres de la frêle embarcation que nous occupons. Les crépitements des appareils photos en disent long sur les cinq secondes exceptionnelles que l’on vient de vivre. Tout le monde est abasourdi par cette démonstration de force. Incroyable !

L’animal suite à ce coup d’éclat retrouve son calme et son souffle à notre proue, légèrement à droite. Les minutes passent au rythme d’une respiration toute les trente secondes, quand de nouveau elle décide de nous offrir un autre moment agréable… Elle change de cap et se dirige droit sur nous. A bord du pneumatique, nous sommes serein, mais conscient du danger qu’elle peut représenter. A cinq mètres du bateau, elle stoppe sa marche en avant et nous gratifie d’un très beau spy-hopping pour mieux nous observer, poursuit sa route d’une nage sur le côté, et rejoint les abysses en laissant apparaître sa caudale au-dessus des flots.

Le silence fait place à l’euphorie, et chacun se retrouve dans sa bulle pour se délecter de ce moment. Nous reprenons le cours de la vie là où nous l’avions arrêtée. Des Grands Dauphins nous accompagnent aux portes de Lajes pour couronner cette journée formidable. Les sourires à bord du pneumatique en disent long sur cette cure émotionnelle que nous venons de suivre. Les images gravées dans nos cœurs alimenterons nos longues soirées d’hivers à refaire le monde entres copains.

De retour à quai, fatigué, mais avec le sentiment du devoir accompli, João Quaresma me lâche avec un large sourire : «Cette journée, c’est pour toi ! Cadeau !».

J’étais venu pour rencontrer des cachalots et mon vœu a été exaucé. Merci.

 

19 Août – Je termine ma dixième saison à Pico et le départ est toujours aussi difficile. Depuis 1997, date de ma première visite, l’archipel est devenu ma région d’adoption. C’est avec une petite eau salée aux coins des yeux, en hommage à l’Atlantique, que je quitte Lajes, l’équipe d’Espaco Talassa, les « Pescadores », Maria Ribeiro, et tous les habitants de ce petit village au milieu de nul part.

Mais l’année 2007 est en ligne de mire, et mon retour est programmé…

Un grand merci à Serge et João Quaresma mes amis de l’Atlantide, sans oublier Alexandra, Maria, Gonçalves, Hermann, Luis, Pedro et Tiago.

Quant aux baleines, je me battrais toujours pour défendre leur environnement, qui est également le nôtre, il ne faut pas l’oublier, et leur cause pour que les générations futures puissent jouir des émotions fortes qu’elles nous procurent.